"Les monstruosités furent relativement peu étudiées au début des Écoles Vétérinaires, mais il est une exception qui suscita une longue polémique: le jumard (ou jumart, ou joumart). Cet animal, censé être issu de l'accouplement d'un bovin et d'un équin, fut abondamment décrit par Bourgelat qui usa de toute son aura pour faire accepter l'idée du croisement inter-espèce. Il en fit une description précise dans une correspondance qu'il entretint avec le naturaliste Charles Bonnet; cette jumart (ou jumarre) était très forte. Son front, son mufle et sa mâchoire inférieure étaient ceux d'une vache, mais la denture et la matrice celles d'une jument. Fait marquant, l'animal ne possédait pas de vésicule biliaire. Autre part, Bourgelat affirmait avoir produit un jumard en mettant un étalon navarrain avec une vache. Il ne vécut que quatre mois et était plus proche de la mère que du père. Le créateur des Écoles Vétérinaires signalait que plusieurs cas avaient été présentés à l'Ecole de Lyon et que le Dauphiné était certainement une région particulièrement propice à leur génération. Le jumard devint l'objet d'un vaste débat dans lequel les plus grands noms de la biologie de l'époque affirmèrent leur opinion. Buffon, dans le Supplément à l'histoire des quadrupèdes, reconnaît que la jument et le taureau peuvent s'accoupler malgré des organes génitaux différents. Il rapporte avoir vu en 1767, chez son meunier, deux à trois accouplements par jours sans qu'aucune naissance n'en ait jamais résulté. Le jumart lui paraissait être un animal chimérique même si le croisement inter-espèce s'avérait possible, comme par exemple celui de la louve et du chien. Garsault, Haller, Huzard se rendirent à son avis et cette opinion finit par triompher après près d'un siècle de polémique. Le Musée Fragonard conserve encore une tête osseuse de jumard datant de l'époque de Bourgelat. Le crâne est globuleux; l'animal est brachignathe supérieur; les incisives supérieures sont déportées en arrière."
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